Le projet Innovation dans la Mise à l’échelle de l’Agriculture Régénérative et des Economies alimentaires Locales (IMAREL) d’une durée de 3 ans, c’est-à-dire de novembre 2022 à octobre 2025, est une phase suivante du projet quinquennal passé (novembre 2017 – octobre 2022) dénommé Agro écologie et Structuration des Filières Agricoles pour le Renforcement de Très Petites et Moyennes Entreprises Agricoles (ASFAR-TPMEA).
Pourquoi le projet “Innovation dans la Mise à l’échelle de l’Agriculture Régénérative et des Economies alimentaires Locales (IMAREL) “
En faisant le bilan de ces projets sectoriels liés à la sécurité alimentaire et à la gouvernance environnementale antérieurement réalisés à travers quelques territoires[1] du Kongo Central – notamment le projet Kitomesa I et II, le projet de Gestion Environnementale Locale (Pro-GEL), le projet de Développement des Pôles de Croissance (PDPC), le Projet de Gestion et d’Amélioration des Paysages Forestiers (PGAPF) et le Projet quinquennal d’accompagnement à la transition des approches Agro écologique et Structuration des Filières Agricoles pour le Renforcement de Très Petites et Moyennes Entreprises Agricoles (ASFAR-TPMEA); le Comité de Gestion (CoGest) du CRAFOD et son staff technique actuel se sont rendus compte que le bassin agricole du Kongo Central en général et les agrosystèmes situés dans la périphérie du corridor Kinshasa-Matadi-Boma-Banana – d’approvisionnement et d’exportation des biens de valeur – se caractérisent par une série de Forces, de Faiblesses, d’Opportunités et de Menaces socioéconomiques et biophysiques en interaction les unes avec les autres.
Il est difficile aujourd’hui, et depuis plusieurs décennies, de parler de paysans Congolais et de leur type d’agriculture. Les études scientifiques sérieuses (anthropologiques, sociologiques, économiques, historiques et autres disciplines) sont très rares. Ce champ est déserté par les chercheurs et les universitaires. Les études qui existent et qui servent encore de référence aux experts du Ministère de l’agriculture et du développement rural et à ses partenaires privés en développement endogène pour élaborer les projets et programmes de développement agricole datent des années 1970. Ainsi donc, faute des études de sciences sociales fiables, la question du développement agricole et rural est abordée dans une approche technique.
Ainsi, à travers tous les 10 territoires agricoles qui alimentent la province agricole du Kongo Central et une partie de la ville de Kinshasa ; la croissance de la production agricole est la voie principale vers le développement durable.
Toutefois, un grand nombre de petites exploitations familiales et collectives et des fermes d’élevages continue à faire face à des faibles niveaux de productivité/des rendements, principalement en raison de la dégradation des sols et des pâturages, d’une faible efficacité de leurs systèmes de production et de l’insuffisance des intrants de qualité abordables.
D’autres facteurs secondaires qui pèsent sur ces petites exploitations agricoles et d’élevages sont :
En conséquence à cette situation particulière dans la province agricole du Kongo Central, les réussites locales pour faire sortir l’agriculture de subsistance du cercle vicieux de la pauvreté et de la dégradation des ressources sont très insignifiantes et presque cloisonnées dans les terroirs facilement accessibles aux conseillers agricoles (étatiques et privés), lesquels terroirs sont l’objet du phénomène de la cession à grande échelle soutenu et entretenu par les chefs coutumiers, détenteurs des pouvoirs ancestrales mais, leurs étendues de terres agricoles souvent exposées aux feux de brousse incontrôlés, aux conflits fonciers et ne sont pas aussi sécurisées par des titres de propriétés foncières attribuées souvent à d’énormes sommes d’argent par les pouvoirs publics fonciers.
La femme rurale et productrice agricole, quant à elle, n’a qu’un statut social de « cultivatrice permanente » ou d’une simple « ouvrière agricole » s’occupant plus des travaux de semis, de sarclage, de la récolte et de la vente (en détail) des produits agricoles issus d’une exploitation familiale souvent dirigée par son époux, son oncle, son grand-père ou son frère qui s’attribue les statuts juridiques soit du fermier, du métayer ou du propriétaire-exploitant qui s’occupe, en même temps, de la vente en gros de la récolte agricole et participant souvent à des séances de mise à niveau et de prise de décision. Les quelques rares femmes productrices agricoles qui ont acquis des terroirs agricoles hors ou loin des terroirs agricoles ancestrales sont dans la poignée des « femmes entrepreneures ou employées » bien qu’elles ne sont pas épargnées des mêmes vicissitudes (défis) de tout paysan à travers le Tiers-monde.
De surcroît, nombreuses femmes paysannes, périurbaines et urbaines sont parties prenantes dans la chaîne de valeur agro-industrielle dont les produits sont vendus à vils prix à cause de la présence des produits importés sur les marchés locaux. Pour faire face à cette compétition des produits exotiques, trois types d’amélioration auxquelles toutes les femmes entrepreneures Congolaises aspirent atteindre :
L’illettrisme et l’inaccessibilité à la santé essentielle de qualité, à des médicaments et vaccins essentiels sûrs causés entre autres par les faibles revenus et des us et coutumes rétrogrades empêchent à cette femme entrepreneure à jouir respectivement des bons effets de la Nouvelle technologie de l’Information et Communication (NTIC), à participer efficacement au montage du plan intégré de son ménage et/ou de sa communauté locale, à participer efficacement à l’invention et à la mise en pratique d’une ou des innovations technologiques diffusées par les conseillers techniques, à se prémunir contre ou à prévenir des maladies et à participer au processus d’inversion des antivaleurs que les communautés locales font subir à la femme rurale souvent comptées parmi des laissées-pour-compte dans des paysanneries où les syndicats professionnels agricoles sont absents.
Enfin, Les Centres de regroupement ruraux et des villes secondaires dans le Kongo Central sont des grands foyers des jeunes à la quête d’un emploi rémunéré et des loisirs diversifiés malgré leurs titres scolaires et leur bonne éducation de base. Ces deux milieux de vie ne sont pas, cependant, épargnés de manque d’énergie électrique, de l’inaccessibilité des soins de santé moderne et du phénomène de l’immigration irresponsable de ces jeunes chômeurs soit vers les grandes agglomérations et villes Congolaises – en proie à des phénomènes des violences, des actes de banditisme, des enfants sans toit fixe (SDF) et des filles-mères abandonnées – ou vers les autres pays limitrophes (Angola et Congo Brazzaville) où ils subissent régulièrement des expulsions massives dans des conditions inhumaines, c’est-à-dire sans respect des droits humains.
La résultante de ces quelques facteurs anormaux sus-évoqués est que les mondes (rural et périurbain) ciblés par CRAFOD et où vivent, pour la plupart, des femmes et des hommes qui œuvrent dans le secteur informel et ; la plupart de ces lève-tôt et de ces couche-tard qui sont dans ce Congo profond où la précarité revêt le masque hideux des infrastructures (sanitaires, routières, scolaires, sociales) vétustes ou carrément inexistantes et où, sans nier les échanges commerciaux du reste rudimentaires, leurs petites économies sont essentiellement sur la logique de subsistance.
Avec objectif de contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les zones rurales (Luozi, Madimba, Mbanza-Ngungu, Moanda, Seke-Banza et Songololo) du Kongo Central par le renforcement des chaînes de valeurs alimentaires dans un souci de meilleur gestion environnementale des espaces de production, le projet IMAREL est exécuté dans la Province du Kongo Central qui est un bassin de production agricole caractérisé par une hétérogénéité du sol et, dès lors, de la végétation. Son sol est sablonneux à l’embouchure du Fleuve Congo et argilo-sablonneux dans le Bas-Fleuve. Le sol du district de Cataractes est à nouveau argilo-limoneux à argilo-sablonneux tandis que celui du district de la Lukaya est plus sablonneux comme elle avoisine la sous-région du Kwango dans le Bandundu.
Quant à la végétation du Kongo Central, la sous-région du Bas-Fleuve est connue pour ses formations forestières (la forêt de Mayumbe), les sous-régions de Cataractes et de la Lukaya sont particulièrement des savanes et l’embouchure du fleuve Congo est caractérisée par des mangroves et des marais.
L’existence de différents types de végétation a comme conséquence qu’il y ait également deux grands groupes d’associations de culture, à savoir ceux qui sont typiques pour la forêt, comme le manioc, la banane, le riz, le haricot et le maïs, et ceux qui sont typiques pour la savane tels que le manioc, l’arachide, le haricot, le niébé, et le maïs. En outre dans le Bas-Fleuve, il y a l’existence relativement importante des cultures pérennes : hévéa, huile de palme, bananes plantains, cacao, café, etc.
Localement, l’Action est concentrée dans six zones agricoles situées de part et d’autre du Fleuve Congo plus précisément :
L’agglomération de Luozi est située à 80 km de Kimpese et 240 km de Kinshasa. Deux principaux axes routiers Luozi-Nkundi-Bandakani (45 km) et les pistes menant à Sundi-Manba et Kintete (60 km) desservent cette agglomération en produits agricoles.
Au terme de ce projet IMAREL en 2025, 2.584 familles paysannes (agriculteurs, éleveurs, pisciculteurs, apiculteurs) vont augmenter leur production alimentaire par des méthodes agro-écologiques, ils vont élargir et diversifier la Transformation de leurs produits de l’agro-élevages et le revenu résultant du circuit de commercialisation des produits issus des champs agroforestiers augmenteront avec le système de vente groupé.
Gustave MUYAMUNA KAFENGA
Responsable Technico-Economique des Filières et Chargé de Suivi-Evaluation, Superviseur des antennes Madimba et Mbanza-Ngungu
[1] Depuis que CRAFOD a été restructuré en ONGD/Locale et tenant compte de la présence très remarquable des autres ONGD locales aussi membres de CRONGD/Kongo Central, ses actions cofinancées par PPLM/Allemagne et les autres partenaires financiers (Banque Mondiale, SNV, etc.) se sont plus concentrées dans 4 territoires de LUOZI, MBANZA-NGUNGU, SEKE-BANZA et SONGOLOLO.